L’Impérial Trail de Fontainebleau : courir en forêt, longtemps
57km. Depuis des mois je me répétais cette distance, accompagnée de ses 1500m de dénivelés, positifs et négatifs. Incessants, difficiles, empêchant de trouver un rythme. Tel est l’équation de l’Impérial Trail de Fontainebleau, que je connaissais. Même si je n’avais couru sur cette distance.
L’Impérial Trail : pourquoi choisir 57km ?
En effet, depuis que je cours « sérieusement », chaque année en septembre, l’Impérial Trail et les différentes distances proposées sont devenues un rituel. 25km la première fois, 40 et quelque l’année dernière (pleine de souffrance, que j’avais partagé en vidéo), et cette année le « grand » de 57km. La boucle serait bouclée, j’entrerais dans le monde des grands traileurs, ceux qui font la grande, la longue, la vraie course proposée !
Je savais que ce serait difficile, car ce type de course ne s’improvise pas; en effet, chaque année je termine avec des crampes de partout, bien loin des premiers, mais fier à chaque fois, malgré les douleurs et les découragements pendant la course. Pourquoi d’ailleurs avoir pris cette année la plus longue, de 17km de plus que l’année dernière où j’avais énormément souffert ?

Dossard noir, numéro 57…ready ?
Et bien plusieurs petites choses: je me suis bien entraîné cette année (bon, l’année dernière aussi….), mais j’ai augmenté mon volume kilométrique hebdo, essayé d’améliorer ma vitesse avec mes premiers semi-marathon en début d’année; les formats de course de l’Impérial ont également évolués: un 10km (devenu mixte – je n’ai jamais compris pourquoi il était d’ailleurs réservé aux femmes les années précédentes); puis ensuite un 35km (exit le 25km plus accessible, quel dommage car tout le monde ne peut pas aller sur ce type de distance); ensuite un 44km (similaire au format que j’avais fait l’année dernière) ; et ensuite le 57km : à 17km près, autant aller sur celui-là, tel avait été ma réflexion.

Paysage typique des points de vues de la forêt, et des différents parcours
Mon entraînement pour ce trail de 57km
Ce que je n’avais pas – assez visiblement – anticipé, c’était la naissance du numéro 3, qui allait m’empêcher de m’entraîner correctement. En juin et juillet, Peu de sorties longues, peu de fractionnés, peu de PPG. Des sorties certes, régulières, entre 30 et 40km par semaine. Mais accompagnées des petits, donc à rythme très cool, très haché.
En août cependant, j’ai pu remettre des sorties longues, de manière progressive: 15km, puis 18/20km, quelques séances plus intenses, notamment à partir du milieu du mois, même si je peinais pour dépasser les 20km.
Fin août, ce fut un week-end choc, avec environ 60km en trois jours: 30km en 2 sorties le samedi, et les 25 Bosses le dimanche. Mais là, grosse déception, au bout de 8km, j’étais cramé: impossible de grimper, maux de tête, pour vomir à la fin. Déshydratation, coup de chaleur. Mais week-end qui n’augurait rien de bon.
Bref, avec une dernière sortie de 17km à 15 jours de la course, une période d’affûtage que j’ai essayé de faire du mieux que je pouvais (réduction des sorties, attention à mon alimentation, massages avec le Compex pour préparer les muscles – programme capilarisation, passages réguliers chez Pôle Cryo), j’arrivais au top (et je me sentais bien, malgré une petite douleur au genoux droit apparue une dizaine de jours avant) le samedi matin, pour le départ à 8h30.
Point matos : quels produits pour courir sur un trail de 57km ?
- tenue Odlo Blackcomb et short Ceramicool: j’ai couru avec eux tout l’été, et je n’ai rien à dire de négatif sur ces produits. Le t-shirt sèche ultra rapidement, est agréable à porter même trempé.
- Veste de protection Odlo sans manche pour le départ
- Veste Odlo Zeroweight : laissée au départ finalement, mais mise en attendant car il faisait frais, et j’avais de la place dans le sac pour l’emporter.
- sac de trail Osprey REV6 : avec la poche à eau remplie de 1,5L + 2 flasques sur les côtés de 0,5L chacune, j’avais prévu énormément d’eau, ce qui faisait la majorité du poids emporté. J’adore ce cas car on ne le sent pas, il tient bien au corps et possède pas mal de rangements.
- Chaussures de Trail Dynafit Feline Up Pro: à la base pour des courses type Kilomètre Vertical, elles sont parfaites pour les sentiers de Fontainebleau, faits de rochers, racines, et très techniques. J’avais hésité avec des chaussures faites plutôt pour long (mes Newbalance 910 V4 ou les Saucony Xodus) mais j’ai préféré les prendre et je ne l’ai pas regretté. Retrouvez mon test.
- Pour manger, c’était du 100% Aptonia avec les nougats et pâtes d’amande Decath, ainsi que la boisson ISO+, et dans mes flasques de la ST Yorre pour éviter les crampes)
- Ma ceinture Flipbelt pour mettre mon Smartphone
Impérial Trail, départ du Grand Parquet
Dossard 57 (sûrement un signe que je prenais comme positif) récupéré la veille, mes affaires bien préparées avec le choix des chaussures de trail un peu effectué au dernier moment, je retrouve des amis sur place prenant comme moi le départ. Ma stratégie de course est cependant de partir lentement et seul, pour ne pas me cramer. Pour passer le temps, j’ai décidé de faire une photo de moi tous les 11km, afin de couper la course en parties raisonnables.
Le départ est donné, et tout le monde part, le sourire aux lèvres ! Il fait beau, frais, la cadre de l’hippodrome du Grand Parquet est vraiment agréable, et je connais assez bien les sentiers empruntés lors de la première partie du parcours: Mont Aigu, Barbizon et les Gorges d’Apremont, j’adore.
Les 11 premiers kilomètres se passent très bien, j’avance à bon rythme, essayant de marcher rapidement dans les montées. Un peu frais au départ, je me réchauffe rapidement et enlève ma petite protection contre le vent; les 11km suivants se passent également plutôt bien, pas de douleurs, les muscles sont au top, je ne ressent pas de fatigue.

km 11 : ok

Km 22 : ok !
Petit à petit, la douleur fait son nid
22km sont déjà faits, je repars pour 11km de plus, et les 2/3 de la course auront été parcourus. Mais ce que je craignais depuis une dizaine de jours, à savoir une (toute petite) douleur au genoux se met à se réveiller. A partir du 25ème kilomètre, sans m’empêcher de courir, elle est présente; puis petit à petit, au fil des kilomètres, elle devient plus intense, et je ne peux plus assurer correctement mes descentes. Ça fait même franchement mal !
Je retrouve deux amis, Alice et Michel, qui étaient sur le 35km, et Alice à le genoux complètement HS, et nous faisons quelques kilomètres ensemble jusqu’au ravito du trentième. Là clairement, je n’arrive plus à courir sur le plat. J’hésite à m’arrêter. Mais elle, qui ne peut plus plier la jambe, continue…comment arrêter ???
Je prends donc mon temps au ravito, les bénévoles me motivent, et il reste 10km avant le prochain ravito (au même endroit), car il s’agit d’une boucle, sur le parcours dit du « Belvédère », extension des 25 Bosses. 10km seulement et je suis encore large au niveau de la barrière horaire que je commence à regarder.

A un moment où ça devait encore aller…
10km de douleur
Je repars donc, et même si je ne peux pas courir, j’essaye de marcher vite. De toute façon le terrain est constitué de montées et descentes, même en forme c’est compliqué. C’est très joli d’ailleurs ! Je n’en ai pas encore parlé, mais le parcours est vraiment agréable, varié, et même si il est difficile, la fait de ne pas pouvoir courir me permet de prendre des photos sans trop culpabiliser.

Km 33 : pu ok !
Cependant, je me fais doubler par les derniers coureurs, et c’est déprimant. Les kilomètres n’avancent pas, et impossible de courir, chaque tentative est vouée à l’échec, et la douleur irradie de plus en plus la jambe. Je commence à me faire à l’idée d’abandonner au ravito, 40km après le départ, à seulement 17km de l’arrivée…
Je me fais rattraper par une coureuse perclus de crampes, pourtant habituée des ultras-trails, qui pense également arrêter au prochain point. Nous parcourons comme nous le pouvons les derniers kilomètres, même si elle finit par me distancer, je la retrouverais à la fin de la boucle.
Km 40 : l’abandon
C’est difficile. Mais je ne peux pas courir; il ne reste « que » 17km, mais je sais que ces kilomètres sont compliqués, surtout les 4 derniers. A la vitesse à laquelle je cours, j’en ai au bas mot pour 4 heures; et je ne prends aucun plaisir, c’est très frustrant, d’autant plus que le reste du corps va bien. Mais entre la barrière horaire que je dépasserais dans tous les cas, et surtout le fait de me blesser plus gravement sur du plus long terme, je ne vois pas l’intérêt de continuer.
Mais après des semaines d’entraînement, d’en avoir parlé un peu partout autour de moi, sur les réseaux, aux amis, etc, la décision est difficile. L’égo en prend clairement un coup.

Certains passages sont sur du sable, c’est très difficile, d’autant plus quand le genoux est en vrac
Nous rentrons au Grand Parquet en voiture, silencieusement. J’y retrouve des amis qui ont déjà bouclé la distance, les distances même car certains sont sur le 35, et Alice arrive avec Michel la soutenant quelques temps après moi. Bravo, elle souffre, et j’ai un peu (beaucoup ?) honte d’avoir abandonné.
Impérial Trail, le bilan
Je suis déçu d’avoir arrêté, mais c’était la meilleure solution. Repos (prévu mais obligatoire maintenant) et récupération pour réparer ce genoux. Je le répète, mais l’égo en prend un bon coup. Je ne fais que peu de course chaque année, c’est d’autant plus frustrant de devoir abandonner. Surtout que physiquement j’étais bien, à 30km aucune douleur aux quadriceps ou aux mollets. En analysant la situation, je pense que la cause de cette douleur (tendinite ? TFL ?) est due à la forte augmentation de ma charge d’entraînement en fin de mois. Cependant, je n’avais pas trop le choix. Reste maintenant à espérer que la douleur passera rapidement, que je pourrais recourir. 5 jours après, je ressent une gêne; oh ce n’est pas méchant, mais pas agréable. Je suis allé chez l’Ostéo, effectué une séance de cryo, et chaque soir c’est massage programme tendinite, récupération programme douleur avec Life+.
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Récupération, le maître mot de ces prochain-e-s jours/semaines, avant de repartir de zéro, en reprenant l’entraînement avec de la PPG, du cardio, et d’autres sports que de la course à pied. Les tendons et le corps à besoin de récupérer. Mais sinon, le trail était sympa, les bénévoles au top et j’ai passé une bonne journée à courir dans ma forêt…

Clap de fin…à l’année prochaine !